« Mais… chanter,
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l’œil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, – ou faire un vers !
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
À tel voyage, auquel on pense, dans la lune ! »
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l’œil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, – ou faire un vers !
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
À tel voyage, auquel on pense, dans la lune ! »
A l’image de ce qu’est le film Edmond, la critique qui va
suivre ne sera pas un avis objectif et raisonné du film mais une déclaration d’amour
à ce chef d’œuvre de la littérature qu’est Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand.
Tout le film d’Alexis Michalik n’est rien de moins qu’une ode à Cyrano, à son
processus d’écriture, à cet homme qui lui a donné vie. Pour qui aime, adore
cette pièce, tout est parfait dans ce film.
On entre dans la salle de cinéma suspicieux, en attente, un peu
anxieux. Mais que va donc nous dire cette histoire que l’on connait déjà (ou
que l’on croit connaître) ? Encore un énième récit sur la création d’un
monument de la littérature ? Encore une biographie romancée ? Un
pincement au cœur et les lumières s’éteignent. Et deux heures passent.
On ressort de la salle bouleversé. Bouleversé de voir que d’autres
personnes ont compris ce qu’était cette pièce. Bouleversé de voir que l’on
n’est pas seul à aimer, d’un amour sans limites, cette œuvre. Emu d’avoir vu l’histoire
se construire sous nos yeux. Et surtout, d’avoir ressenti encore et encore l’effet
de l’écriture de Rostand et la force de ses personnages.
Essayons de revenir à une critique plus classique… Les
acteurs se sont tous approprié leurs personnages. On reconnaît dans chacun des
personnages réels, les traits de ceux qu’ils incarneront dans Cyrano. Oui,
certains sont un peu clichés tandis que d’autres en font trop. Mais tout est
tellement maitrisé, parfait. Chaque acteur évolue dans sa propre sphère loin
des autres tout en tissant des liens. J’ai particulièrement aimé le personnage
d’Honoré, le tenancier de la brasserie.
J’ai pu lire dans certains avis que la présence quasiment
in-extenso l’acte final de Cyrano de Bergerac était de trop. Mais cela montre
juste la portée qu’a eu la pièce, ce qu’elle a provoqué chez tout le monde (la
réaction de Sarah Bernhard !).
Cyrano a toujours été une pièce particulière pour moi. En
grande romantique que je suis, elle a toujours nourrie mes fantasmes et mon
imaginaire. En tant qu’historienne, elle a éveillée et servie ma passion pour l’histoire
moderne. La version de la pièce avec Depardieu m’a touchée (et je continue à
considérer que c’est le plus grand rôle de sa carrière). J’ai même failli
incarner ce personnage mythique.
Je ne pourrais jamais dire du mal de n’importe quelle œuvre traitant
de ce chef d’œuvre, de la littérature. Je suis amoureuse de ce personnage, de
ce qu’il incarne et de ce qu’il représente.
Et ça, le réalisateur d’Edmond l’a parfaitement compris. Il a compris
comment toucher en plein cœur chaque spectateur. Et c’est ce qui fait d’Edmond un
grand film au même titre que Cyrano est
une grande pièce.
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