Comme des images - Assumer n'est jamais simple

 


Comment ça ? Encore un livre de Clémentine Beauvais ? Mais elle ne lit que ça, ce n’est pas possible ! Et bien oui, encore un livre de cette autrice car j’ai bien l’intention de lire toute sa bibliographie. En voyant ce roman à la bibliothèque ainsi que le résumé, je n’ai pas hésité une seconde. Aujourd’hui, je vais donc vous parler de Comme des images que j’ai dévoré en une soirée.


L’histoire commence le jour où Léopoldine a cassé avec Timothée pour Aurélien. Ou bien le jour où Tim a envoyé un mail avec des images de Léo à tout le monde. C’est ici, dans notre prestigieux lycée, que tout va se jouer. Léo a une journée pour assumer ces images, vaincre Tim et garder Aurélien. Moi, comme d’habitude, je l’épaule. Il faut vite régler cette histoire pour pouvoir penser à autre chose, aux maths et à la physique, à l’entrée en première S. Parce qu’on ne plaisante pas avec ces choses-là, par ici. Je savais que ce ne serait pas une partie de plaisir. Mais je ne pensais pas que cette journée allait se terminer comme ça, à regarder, en plein milieu de la cour, un corps cassé, ensanglanté.

J’ai dévoré ce roman. Comme à chaque fois, Clémentine Beauvais a les mots justes pour emporter le lecteur dans son univers. On s’attache directement aux personnages et on ne peut pas lâcher le livre tant que le mot fin n’est pas écrit. L’histoire est simple. Léopoldine a rompu avec Tim qui, pour se venger, a diffusé sur les mails de l’école une vidéo d’elle plutôt sexy. En une journée, tout bascule. Léopoldine doit faire face aux remarques et aux ricanements, son amie la soutient comme elle peut, son nouveau petit ami est perdu au milieu de tout cela et sa sœur ne trouve pas sa place. J’ai trouvé très intelligent de placer l’intrigue dans le lycée Henri IV que l’on connait de réputation. C’est un lycée prestigieux, qui se concentre sur ses 100% de réussite au bac. Le contexte accentue ainsi le sentiment de malaise du lecteur. On ne sait pas si les élèves vont trouver un soutien ou si tout va être bon pour étouffer et conserver une image d’élite. C’est un excellent ajout à l’histoire.

Du côté des personnages c’est tout aussi intéressant. L’histoire est racontée par la meilleure amie de Léopoldine dont on ne connait pas le prénom. Elle est la bonne copine, l’anonyme, celle qui soutient mais à laquelle on ne fait pas attention. Elle est finalement le point d’ancrage de l’histoire. Ensuite, nous avons Léopoldine et Iseult, les deux sœurs jumelles qui se ressemblent mais qui ne s’assemblent pas. Si Léopoldine est au cœur du récit, Iseult, par ricochets, se retrouve mêlé à quelque chose qui la dépasse. Les autres évoluent en cercle autour de ce trio. C’est un de mes regrets, j’ai trouvé que les personnages masculins ne sont finalement pas assez mis en avant, particulièrement Tim. Mais c’est cohérent avec le choix de faire raconter l’histoire à une tierce personne. Et puis on a les professeurs, infects, méprisants… Le seul personnel qui est mis en avant, c’est l’infirmière. Elle raconte avec un détachement qui fait froid dans le dos tout ce qu’elle a déjà vu dans son métier.

Enfin, je terminerais avec un mot sur le thème. Pour moi le roman ne traite pas sur le fond des réseaux sociaux et de l’exposition que l’on peut avoir sur ces derniers. Il ne traite pas plus de ce qu’on appelle aujourd’hui le revenge porn. Certes, c’est le propos de l’histoire mais si l’on creuse un peu, on se rend compte que c’est plus profond que cela. Le roman parle aussi de la difficulté de trouver sa place, particulièrement quand on ressemble à une autre personne. Il traite aussi des amitiés que l’on peut considérer comme toxique. Il parle enfin de la pression sociale, celle d’être dans un établissement d’élite et de ne pas avoir le droit à l’erreur ou le droit d’être soi-même. Le thème de l’exposition n’est que le canevas du roman. Si on fait bien attention lors de la lecture on se rend compte que plusieurs sujets de réflexion sont disséminés tout au long du roman.

Pour conclure, c’est un très bon roman dont je recommande chaudement la lecture. J’ai beaucoup apprécié aussi la mise en page avec les post Facebook ou les sms qui donne un côté plus inclusif à la lecture. Clémentine Beauvais est une excellente autrice qui manie avec brio les sujets de société et les mots.

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