Le monde au balcon - Carnet dessiné d'un printemps confiné



La chronique d’aujourd’hui est un peu étrange à écrire. Etrange parce qu’elle relate une période dont on pensait être sortis alors que nous sommes à nouveau en plein dedans. Etrange aussi parce que le livre dont je vais parler pourrait passer aux yeux de certains lecteurs comme un livre opportuniste.


Le monde au balcon, carnet dessiné d’un printemps confiné de l’autrice Sophie Lambda raconte entre dessins et traits d’humour le confinement du printemps 2020. Sortir un livre sur cette période moins d’un an après pourrait être perçu comme un moyen de se faire de l’argent sur le dos de la pandémie. A ceci je répondrais deux choses. La première c’est que chacun extériorise comme il veut et comme il peut. Et la deuxième… de l’argent ? Sérieusement ? Quand on voit à quel point le statut d’artistes auteurs est méprisé, on ne peut pas vraiment dire que les auteurs « profitent » de la situation. Je tenais à faire ce léger point car j’ai vu quelques commentaires qui m’ont un peu agacé.

Sophie Lambda nous livre ici sans filtres son confinement, son ressenti et surtout son objectif. Remplir un carnet avec un dessin chaque jour quelque soit la situation. D’abord, je tiens à dire que j’aime beaucoup l’objet livre. J’apprécie le fait qu’il soit conçu comme un véritable carnet avec le petit élastique. Il ne manquerait plus que le crayon pour répondre aux petits quizz disséminés dans le carnet.

Le carnet est conçu comme un journal intime du confinement. Au départ, l’autrice précise bien que ce carnet devait l’accompagner pour 2020. Elle y dessinerait son quotidien ses voyages, ses sorties… jusqu’au confinement. A partir de là, elle nous livre un dessin par jour pour raconter son quotidien, ses galères, ses envies, sa déprime aussi parfois. Mais la particularité de ce petit carnet, ce sont les traits d’humour omni présents qui caractérise cette autrice. On sent que comme tout le monde, elle a des moments où elle pète un peu les plombs. On ressent aussi sa solitude et c’en est très touchant.

En plus de sa vie personnelle, Sophie Lambda dépeint aussi les décisions gouvernementales qu’elle ne comprend pas toujours, les initiatives solidaires des gens qu’elles côtoient, les changements apportés par la pandémie… Dans ce carnet, elle fait autant de prévention que d’humour. Elle rappelle la gravité de la situation tout en en dédramatisant certains aspects. J’ai particulièrement apprécié tous les passages sur « la nature reprend ses droits ». C’est drôle de voir à nouveau les photos qui ont circulés partout dans le monde, montrant que les animaux s’adaptent beaucoup mieux que nous.

Les petits jeux et quizz sont également les bienvenus. On sent qu’elle a travaillé son sujet et qu’elle a voulu rendre le carnet ludique. Le fait qu’elle parle de tous les sujets : dépression, cuisine, sexe… sur le même plan est aussi le bienvenu. Sans langue de bois, elle donne aussi son avis sur la politique donnant un côté plus engagé au carnet. 

Enfin, elle dépeint aussi la sortie du confinement et finalement la fin est assez ironique. Quand on voit la situation dans laquelle nous somme aujourd’hui, un énième confinement et qu’on fait le parallèle avec les propos tenus par l’autrice à la fin du livre comme quoi la vie reprend son cours, je n’ai pu m’empêcher d’être un peu triste. Nous n’en sommes pas encore sortis et je ne sais pas quand ce sera le cas.

Pour conclure je voudrais appuyer un point. A la fin du carnet, l’autrice remercie sa mère, infirmière dans une unité Covid. J’ai trouvé ça beau et tout à son honneur qu’elle n’insiste pas dessus tout le long du carnet. Pour moi, cette simple mention avec photo à la fin est le plus beau des hommages qu’elle pouvait lui rendre. Même si la situation est encore complexe, je vous conseille fortement ce petit carnet pour y piocher quelques moments de vie et d’humour !

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