Deep Water - Ne remuons pas trop la vase

 



Depuis à peu près quatre mois, j’ai la chance de travailler dans une bibliothèque au sein du secteur ado-adulte.  Même si le travail qui consiste à faire revenir les adolescents vers la lecture promet d’être de longue haleine, je vois ce poste comme un défi personnel qui est de m’intéresser plus en amont à la littérature adolescente. Celle-ci ne se contentant pas des classiques dystopies ou des romans d’aventure, mais étant bien plus riche qu’on pourrait le penser. C’est dans ce cadre que j’ai accepté la proposition de Babelio de recevoir le roman Deep Water de Sarah Epstein. Je remercie d’ailleurs Babelio et les Editions Bayard pour cet envoi.

Avant la tempête Sept amis. Mason, Chloé, Henry, Tom, Raf, Rina et Sabeen se sont trouvés. Ils se savent liés à jamais et ne se cachent rien. Leurs vies ne sont pas toujours faciles mais ils restent ensemble, malgré les épreuves. Lorsqu’une nuit, l’orage éclate.

Maintenant. Henry a disparu. Fugue ? Enlèvement ? Meurtre ?

Tout le monde le cherche, tout le monde se méfie, tout le monde est suspect.
Chacun a des secrets à protéger. Coûte que coûte…

Je dois admettre que j’ai mis un moment à entrer dans ce roman. Les cent premières pages m’ont paru très longues et je n’ai pas réussi tout de suite à comprendre comment était construit le roman. On suit plusieurs personnages avant la fameuse tempête puis aujourd’hui alors que tout est à reconstruire. Le problème réside peut-être dans la pluralité des points de vue. A mon sens, il y a trop de non-dit et un peu trop d’effets de style pour en arriver à la révélation finale. Même si celle-ci est bien amenée et que le suspens est plutôt bon, il faut vraiment dépasser le premier quart du roman pour être pris dans l’histoire.

L’autrice réussit par ailleurs à aborder des thèmes sombres mais tout en finesse. Les violences intra-familiales sont un gros segment du roman, l’alcoolisme aussi, mais à aucun moment l’autrice n’en fait trop, ne rentre dans le pathos ce qui est un très bon point. Elle arrive à faire incarner ces thèmes à ses personnages de manière subtile pour que ça ne prenne pas non plus toute la place dans le roman.

Du côté des personnages c’est assez inégal. Autant certains personnages secondaires sont très bien réussis (Raf, Sabeen…) autant le personnage principale (Chloé) m’a paru insupportable. Je ne sais pas si c’est voulu par l’autrice ou non mais elle m’a fait l’effet d’une jeune fille qui refuse de voir quelque chose lui échapper et qui refuse aussi de ne pas être au centre de l’attention de son groupe d’amis alors qu’elle a dû partir vivre ailleurs. Elle est assez autoritaire et parfois même un peu arrogante. Je n’ai pas du tout accroché avec elle. Par contre, j’ai trouvé le personnage de Mason, le deuxième personnage principal, beaucoup plus réussi. Il est sensible, abimé mais faire preuve d’une grande force morale. Il est très bien écrit.

Pour ce qui est du style, l’autrice maitrise les codes du thriller. La tension monte au fur et à mesure, on ne sait plus qui croire. Même si par moment elle en fait un peu trop, elle sait se reprendre et nous offres un roman agréable, à conseiller à des adolescents à la recherche de suspens et qui aiment se faire un peu peur.

En résumé, c’est un roman que j’aurais aimé apprécier un peu plus. Il a de bons côtés mais aussi quelques faiblesses. Je le recommanderais à partir de 14 ans, en raison de la description de certaines scènes un peu violentes et de certaines thématiques abordées un peu difficiles.

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