Un pont entre nous - Il n'y a parfois qu'un pas

 

17 avril, 15h54

Je pourrai avoir ce moment pour moi tout seul s’il vous plaît ?

Voilà la première pensée qui se grave dans l’esprit d’Aaron Boroff quand une fille en sanglots passe derrière lui.


Je vais commencer par une généralité : l’adolescence est une période complexe. Il faut accepter un nouveau corps, les effets des hormones, les changements de comportements, les mots « Sois plus responsable », « Commence à te comporter en adulte »… C’est une vraie tempête qui peut amener le pire comme le meilleur. Et cela, il en est question dans ce roman.

2 adolescents, 1 pont, 4 destins. Elle saute, il reste. Il saute, elle reste. Ils sautent. Ils ne sautent pas. L’idée de ce roman est assez originale. Proposer quatre scénarii permet au lecteur de garder espoir mais aussi de se rendre compte de la douleur de ceux qui restent. L’auteur manie avec une belle justesse les sentiments humains et les sujets douloureux. Cyberharcèlement, bipolarité, adoption, tout y passe. On pourrait croire que c’est une excuse pour expliquer ce qui conduit au geste de ses personnages mais non. C’est un contexte général. J’ai beaucoup aimé cet aspect du roman parce que souvent, on pense que seulement un événement est déclencheur alors que tout est beaucoup plus vaste.

Le traitement des deux adolescents est réussi. Ce sont deux personnalités qui s’accordent bien et on ressent une vraie alchimie lorsqu’ils entrent en contact. J’ai aussi beaucoup aimé avoir le point de vue des parents. On les oublie souvent lorsque le sujet du mal-être adolescent est abordé. Soit ils ne voient rien, ne font rien et tombe des nues, soit ils sont considérés comme responsables d’une part du malheur de leurs enfants. Ici, le lecteur est autant en empathie avec les parents qu’avec les ados.

Ce roman est émouvant et terrifiant à la fois. Terrifiant car on ne sait pas en tant que lecteur comment appréhender ce genre de situation. Emouvant car l’auteur arrive vraiment à rendre compte des sentiments des personnages. Même si ce roman n’est pas aussi efficace que la parole (on ne le dira jamais assez, il faut parler !), il peut être un bon outil pour amener à l’acte de parole.

Je remercie vraiment Pocket Jeunesse et l’agence Com J pour l’envoi de ce roman. Je pense que même moi, j’ai eu besoin de cette lecture pour relativiser certaines choses. C’est un excellent roman mettre entre les mains de personnels s’occupant des adolescents et peut-être même des ados eux-mêmes tout en étant vigilants sur l’impact que cette lecture peut avoir.

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